Depuis bientôt deux mois, je suis religieusement des cours de Jivamukti Yoga chez Peaceyoga Berlin. Ou plutôt spirituellement. Motivée à l’origine par l’envie de dégommer ma cellulite, le cours est devenu plutôt un temple à la prière de Dieu et tous les êtres vivants. Ommm.
J’aime dire que s’adonner au Jivamukti Yoga, c’est adopter un style de vie. Ça n’est pas vrai : on peut se contenter d’aller aux séances, transpirer, puis rentrer chez soi. Mais quel plaisir d’endosser un rôle tout différent du notre : celui de yogi. Non, je ne suis pas que moi : je suis un yogi. Pouvoir dire cela sans avoir une expérience de maître et se sentir alors appartenant à un cercle de privilégiés.
Pourquoi tout le monde veut-il être un yogi ? Car de nombreuses yogis sont fines, sveltes, délicatement musclées et si souples. Elle font des poses de warrior avec la souplesse d’une liane. Force et grâce. Les yogi rejoignent en cela les danseuses étoiles. A la différence qu’elle n’ont pas l’air aussi rigides. La discipline de fer que requiert la danse classique laisse place à une plus grande douceur et acceptation de ses limites en yoga. Là où la danseuse classique a l’allure fière, la yogi a juste l’air épanoui. Et bien sûr, les tenues de yoga sont très sexy : leggins, brassière, pieds nus aux ongles vernis…
Bref, dans l’imaginaire collectif, être une yogi = être healthy sexy.
Aller au cours de Jivamukti yoga, c’est non seulement bouger son corps, voir des progrès peu à peu et se sentir bien, les muscles contractés puis étirés dans un parfait équilibre. C’est aussi apaiser son âme. Pendant que nous transpirons dans le 10e chien tête en bas, le professeur nous parle d’acceptation de soi, amour pour les autres, lien avec le divin en nous.
Une fois, je me sentais si lourde, accablée par les problèmes de la vie. La moindre action me coûtait un effort physique (et surtout mental) insurmontable. Si je devais investir le peu d’énergie que j’avais dans quelque chose, ce serait dans celle qui m’en donnerait plus. J’avais lu à plusieurs reprises, que pratiquer le yoga prévenait de la dépression et la combattait. Je m’y suis alors traînée et pendant les 30 premières minutes, je me suis demandée ce que je faisais là. De toutes façons, quoi que je fasse, ça ne sert à rien, rien n’améliorera mon état. J’étais comme un ballon dégonflé, le cours était plus difficile que d’habitude. Vers la fin, j’avais l’impression que ça allait mieux.
Puis, en sortant, ô miracle, j’étais allégée. Comme si le poids qui m’accablait m’avait été ôté. La vie était soudain moins difficile. Il y a des choses qui vous font passer de 0 à 100% (dixit yogi Clotilde Chaumet). Le yoga est une de ces choses pour moi.
Chez Peaceyoga, ça sent bon. Un mélange de carotte et autres odeurs naturelles. Des bâtons de bois trempent dans ce liquide odorant et le diffusent. Jamais compris comment ça s’appelle ni le principe. À l’entrée, un carillon, au fond, une fontaine.
On ôte ses chaussures à l’entrée et les pose sur une étagère en bois. Sneakers, bottines, et wow, à qui appartiennent ces biker boots cloutées ? Dans tout le studio, on marche pieds nus.
Avachie sur le canapé moelleux, je feuillette quelques magazines en attendant le début du cours. Magazines de yoga bien sûr, mais aussi des revues véganes, ainsi qu’un livre de recettes végétaliennes écrit par Sharon Gannon, la co-fondatrice de Jivamukti Yoga.
Là où le Jivamukti Yoga s’inscrit dans un mode de vie en général, c’est qu’il prône la non-violence envers tous les êtres vivants et donc logiquement le véganisme.
(Oui, manger des plantes les tue aussi, mais 1) on ne peut pas vivre sans manger et 2) manger des animaux qui mangent des plantes, n’aide pas vraiment à résoudre le problème.)
May all beings everywhere be happy and free.
À la Jivamukti Canteen, il y a plein de choses délicieuses, véganes et saines. Allez-y faire un tour !
Je vais chercher un tapis de yoga au fond de la salle, des blocs de liège et une couverture épaisse. Certains méditent déjà, d’autres attendent simplement assis, allongés, étirent leur nuque…
Début de la séance.
Asseyez-vous, le bassin légèrement surélevé, sur un bloc par exemple, les genoux pointent vers le bas. La séance commence par le chant de « cantiques ». Ommm, puis quelques phrases pour nous rappeler à la générosité, le lien avec les autres êtres vivants, nous inciter à changer de perspective ou apprendre l’acceptation de soi et des choses que l’on ne peut pas changer par exemple.
S’ensuit une salutation au soleil dynamique, et un déroulement similaire d’un cours à l’autre dans les grandes lignes. Ainsi, on fait des progrès sur les positions répétées d’un cours à l’autre et apprend des choses nouvelles avec de nouvelles positions. Le corps entier est musclé et étiré, balance entre effort et repos. Au début, et parfois à la fin du cours, le professeur nous masse la nuque avec un lait à la lavande, stimulant et rafraîchissant.
Une fois les dernières positions effectuées (la roue, le shoulderstand et le headstand), relaxation finale, Savasannah. Chacun déplie l’épaisse couverture grise et s’en couvre jusqu’au menton. Ce geste nous ramène un peu à l’enfance, et se protéger de cette façon en public a quelque chose d’incongru, mais ça ne semble déranger personne et on s’y fait. Certains s’endorment pendant Savasannah et ronflent.
Au cours de yoga, c’est ok de faire des positions bizarres accroupi jambes écartées, de chanter en sanskrit, de se cambrer à quatre pattes comme en levrette et de pousser un râle en tirant la langue (c’est le râle du lion). On peut trouver ça ridicule, puis on s’en fout, puis on s’y fait. C’est une nouvelle normalité.
En se relevant de Savasannah, les yeux encore fermés, on finit par une méditation d’environ 5 min. Il suffit de fermer les yeux et penser « let » sur l’inspir et « go » sur l’expir. La séance se clôt par un Ommm et Namaste. Merci. On peut se prosterner devant l’autel, où trônent entre autres les photos des fondateurs du Jivamukti Yoga – c’est déconcertant -, ou tout simplement devant soi-même.
Après le cours, on se sent si bien, vidé, dans une bulle (et pour ma part, j’ai envie de dormir, mais ça doit être que je manque d’entraînement). On peut boire une eau de coco et marcher le long du Maybachufer s’il fait beau.
[…] sur l’annonce d’un job qui correspondait exactement à mon profil et se situait à 5 minutes de mon studio de yoga. Je ne crois pas au hasard. C’était pour moi clairement une main tendue de l’Univers. Encore […]