On est le 15 du mois et je n’ai plus de thune. 3€ en liquide. Pshiit ! Fini ! Évaporé ! Avec en arrière-plan cette angoisse : et si je mourais demain (sans avoir assez profité/ tout dépensé) ? Ma gestion de l’argent est fantasque. Le 16, je dépense les 3€ pour aller à un concert de slam poetry. Maintenant, je peux affirmer que je suis à sec. Où est passé le reste ?

Cours de chant jazz

J’ai chanté le jazz avec une prof italienne aux boucles rousses rebondies. Dong! Dong ! J’ai oublié de payer à la fin, tant étions nous passionnée par notre conversation sur le fait que le printemps arrivait à Berlin. Oui, enfin, il fait chaud ! Le lendemain je remettais ma parka.

Traiteur italien

J’ai acheté toutes les sortes de pâtes disponibles au traiteur italien de ma confiance. « On dit con-gli-é  pas con-chi-gli-é » m’a sermonné Isidoro.

Framboises

J’ai choisi des framboises roses, délicates, aussi précieuses que des pâtisseries, à manger du bout des doigts comme des petits chocolats dans leur boîte de papier glacé.

Week-end à Potsdam

J’ai fait le tour des palais de Potsdam en robe de princesse Marie-Antoinette. On entendait le froufrou de mes jupons flottant sur le sol. Car jamais je ne les aurais relevés, et risqué de manquer de grâce, comme l’a fait la mariée qui craignait de tâcher sa crème chantilly devant le palais aux patios d’inspiration romaine.

Le pavillon chinois tient à la fois du bijou et du macaron Ladurée. Or et pastel. Champagne et dragée.

Cinéma de Potsdamer Platz

Je suis allée seule au cinéma le plus cher de Berlin, et même pas pour voir un film de connaisseurs intellectuels, mais une daube qui m’a bien fait rigoler.

Une garde-robe minimaliste

J’ai jeté tous les vêtements qui représentent une mauvaise estime de soi. Il me reste : une jupe droite de pin-up, une paire de bas, deux pulls, un haut de poufiasse blanc « collier-de-perles-Chanel » dos-nus seins-nus, des boots de bohémienne et des leggins de yoga.

Théâtre d’improvisation

J’ai acheté une bière au théâtre d’improvisation, alors que je n’aime pas la bière. Je venais de faire une salutation au soleil devant une salle de 50 personnes (pour mon come-back sur scène après 7 ans d’abstinence) en essayant de ne pas lever les bras – mouvement au terme duquel la coupe bizarre de mon pull fait qu’on verrait mon nouveau super soutif de hardeuse SM.

Cette médiocre prestation me laissa rouge pivoine, étouffant dans ledit pull. Le prof avait bien dit « lower your expectations » puis « lower them even more », mais c’est toujours difficile de se détacher de son ego. Étant incapable d’engager une conversation avec tous ces inconnus qui semblaient potes depuis toujours, la perspective d’une bière m’apparaissait soudain comme tout ce qu’il y a de plus rafraîchissant. Après quelques gorgées, c’est confirmé, je n’aime pas la bière.

Matcha latte

J’ai commandé tous les jours un matcha latte avec supplément lait d’amandes au café végane chéros (et très sympa!) du coin – No milk today – car je souhaite ne soutenir plus que les cafés véganes (et les traiteurs italiens) et que l’ambiance feutrée des bibliothèques étouffantes m’insupporte.

NB : On est le 20 et je fréquente dorénavant la bibliothèque tous les jours. Ça n’est pas si mal. C’est gratuit.

Inviter

J’ai invité des amis au resto, car ça fait plaisir d’être capable d’inviter quelqu’un. Jusqu’à ce que l’on n’en soit plus capable et qu’on doive vivre de ses réserves de bouffe du placard les deux autres semaines du mois.

Bouquet de fleurs fraîches

Je me suis offert des fleurs fraîches toutes les semaines. Par sens éthique, mon chéri ne m’offre que des fleurs en pot, qui, grâce à mes talents de déplorable jardinière, réussissent l’exploit de tenir moins longtemps qu’un bouquet.

Magazines français

J’ai fait une orgie de presse féminine française dans un kiosque berlinois et découpé collé toutes les belles images que je voyais sur une « dream map ».

Inscription au Jivamukti Yoga

Je me suis inscrite au Jivamukti Yoga, la meilleure décision de ma vie. Mon corps se galbe, mon esprit est sous drogues pendant, flottant après. Un jour, je ferai une formation de prof de yoga en Inde, aujourd’hui, ma formation c’est ici. Intense, transcendantale. Un luxe pour mon âme, car elle le vaut bien.