« Peter Lawford, le beau-frère du Président, présente ainsi la star : « Non seulement elle est ponctuelle, mais pointilleuse. » Après une longue attente en coulisse pendant laquelle il doit improviser quelques mots, elle surgit du noir, titubante, une flamme bleutée, toute chair dehors. Cousue dans sa robe, elle entre en scène d’un pas de geisha, comme encombrée de ses formes offertes aux milliers de spectateurs. Lawford annonce « The late Marilyn Monroe ». (…) Entravée par son fourreau neige, elle trébuche sur ses talons aiguilles, enlève de ses épaules une étole de fourrure blanche, effleure le micro du bout des doigts, désigne le Président quelque part dans le noir, ferme les yeux, passant sa langue sur ses lèvres et commence à chanter. Cassé, flottant, rauque, son chant semble dire : ils m’ont laissée tomber, Joe, Frank, Arthur, Roméo, parce que j’étais une fille mauvaise. Ils vont voir, eux et quarante millions d’Américains, comme je suis vraiment mauvaise. »
Michel Schneider, « Marilyn dernières séances »
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