Au café Le Johann Rose
Quel plaisir de retrouver la France dans un café berlinois pour y lire un roman français…à propos de Berlin.
Patrick Modiano, L’horizon
Un roman sans intrigue. Il semble décrire un état de l’être, une certaine mélancolie liée à des souvenirs brumeux.
Le narrateur se souvient d’une liaison qu’il a eue dans sa jeunesse avec une femme mystérieuse, angoissée, miroir de ses propres angoisses. Elle a disparu de sa vie brusquement, laissant pour lui une histoire inachevée.
Il ne s’agit pas tant de répondre aux questions en suspens ou de finir cette histoire, que de décrire la sensation de manque. Manque de réponses et manque d’une personne fantôme.
J’ai aimé cette description de Berlin.
« Le long de la Karl Marx Allee, il n’était pas vraiment dépaysé, malgré l’avenue trop large et les immeubles en béton, l’aspect de gigantesques casernes. Mais cette ville a mon âge. Moi aussi, j’ai essayé de construire, au cours de ces dizaines d’années, des avenues à angle droit, des façades bien rectilignes, des poteaux indicateurs pour cacher le marécage et le désordre originels, les mauvais parents, les erreurs de jeunesse. Et malgré cela, de temps en temps, je tombe sur un terrain vague qui me fait brusquement ressentir l’absence de quelqu’un, ou sur une rangée de vieux immeubles dont les façades portent les blessures de la guerre, comme un remords. »
Ainsi, à Berlin, tout ce béton a une âme.
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