Maîtriser le « Berliner Stil » en 7 leçons
Au cœur de l’hiver, au premier abord, Berlin peut sembler peu accueillant. Un froid glacial, la nuit quasi omniprésente, d’imposants bâtiments de béton cru inaccessibles, la sensation de marcher longtemps dans des rues larges et vides. Où sont passés le charme de l’architecture parisienne, les petites rues pavées réconfortantes et leurs terrasses de cafés chauffées ?
Puis, lorsqu’on découvre certains quartiers, la capitale se révèle. À Kreuzberg, Neukölln, Mitte, les bars, cafés, restos se dépassent l’un l’autre en coolitude. Un peu de bio, beaucoup d’inspiration cosmopolite et toujours du bon goût.
Point non négligeable : l’accessibilité de ces lieux. La ville des artistes fauchés reste (encore) très abordable.
Un vrai sens du style, donc, que l’on retrouve dans le look des berlinois. Qui a dit que les allemands ne savaient pas s’habiller ? Si les parisiens sont l’emblème du chic sexy (petite robe noire, talons, parfum, sac de dame, derbys, cabans), l’idéal berlinois est à chercher du côté du cool. L’allure doit être brute, nonchalante, naturelle, mais aussi libre, originale. Quant les parisiens semblent suivre un code de bienséance, qui contribue pour beaucoup à l’uniformité vestimentaire de la population, à Berlin, chacun semble pouvoir s’exprimer stylistiquement parlant sans être jugé par ses pairs.
Néanmoins, en observant de plus près, là aussi un modèle récurrent semble dominer les autres. Berlin devient une destination tendance, les artistes sont moins pauvres et le refus de la rigidité n’est peut-être, après tout, qu’un autre code social.
Inès de la Fressange nous a gâtés avec un guide complet de l’allure parisienne (qui relève avec une justesse étonnante les clichés du chic parisien). Son homologue allemande, Angelika Taschen a quant à elle publié le « Berliner Stil », guide détaillé du mode de vie de la capitale. Vous y découvrirez toute une série de codes en matière de mode, beauté, déco et bonnes adresses pour votre prochain séjour, et tout le monde vous croira quand vous prétendrez être né à Kreuzberg.
Décryptage des secrets des hipsters en bonnets tricotés main et tatouages.
Les indispensables du dressing d’Angelika Taschen
Certains sont identiques à ceux définis par Madame de la Fressange. Il faudra alors veiller à les porter de la façon locale. D’autres sont clairement estampillés « Berlin ».
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La parka
Elle vous permettra de subsister l’hiver. Ou quand le terme « indispensable » prend tout son sens.
Comment la porter : Bien que l’auteur conseille d’y associer lunettes XXL ou pochette à strass, ce look risque vite de virer beauf.
Au contraire, faire ressortir le côté « nature » du vêtement emprunté aux autochtones de l’Alaska va le mettre en valeur. On privilégiera alors les tons neutres (marron, beige, gris, noir…) et les pièces simples, mais élégantes (on n’est pas en Alaska).
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Le jean
Un classique, comme partout dans le monde. À Berlin, il se porte du matin au soir, pour, surtout, ne jamais avoir l’air guindé. Pas trop de difficultés pour cette pièce-là, elle se porte avec tout, mais…
À éviter : l’association blazer/ jean/ ballerines (trop ennuyeux et connoté « buisness ». Ferait souffrir l’âme bohème du berlinois).
La neutralité du jean servira à la mise en valeur et la dédramatisation d’une pièce forte, comme un bijou ancien, une belle paire de chaussures, un chapeau…
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Le blazer
Attention, encore une fois, pas de look buisness !
Pour l’éviter, il faut le combiner à un jean et s’emmitoufler dans une énorme écharpe, comme si on était enrhumé. En dessous, on glisse un T-shirt (surtout pas de chemise blanche)
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Le pull en maille
Avec un décolleté en V ou façon tricoté maison. Il doit être ajusté, mais pas moulant : le juste milieu entre la bimbo et l’informe.
À associer à : un jean savamment déchiré, voire un collant noir pour traîner de façon übersexy à la maison. Angelika conseille aussi des leggins en cuir avec des Louboutins pointues, mais là encore, le look beauf n’est pas loin. Une belle maille devrait se suffire à elle-même et se défier des accessoires pseudo-sexy. Il faut donc la choisir avec soin.
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Le blouson en cuir
On le porte au quotidien, dès qu’il fait trop chaud pour la parka. Il doit être noir et un peu patiné.
Comment : avec une robe d’été / du soir et tout ce qui risquerait d’être trop chic avec un blazer : il ajoute du sexy à un ensemble féminin et dégingande une tenue trop bourgeoise.
Le modèle : Marlon Brando, bien que son allure sauvage ne doive rien au blouson.
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La chemise blanche
Encore un classique. À Berlin, elle se porte souple, voire un peu trop grande. C’est la chemise de votre amant.
En été, on la marie à un short en jean, au lieu de porter une robe. Une tenue plus adaptée pour faire du vélo et traîner dans les parcs en buvant des bières.
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Les sneakers
Dans une ville où l’on se déplace beaucoup à pied et à vélo, les talons ne font pas long feu. De plus, les femmes ne se plient pas à des accessoires de séduction aussi évidents. La cheville est le décolleté de la berlinoise. Le look boyfriend suggère une nuit mouvementée. Et la basket vous fait passer pour une nonchalante presque sensuelle.
Quel modèle choisir ?
En ce moment, les runnings sont sur tous les pieds, que voulez-vous, c’est encore la mode.
Mais si on veut éviter d’avoir l’air « fashion » (et garder ses chaussures plus d’une saison), on choisira un modèle plus intemporel, comme des tennis blanches par exemple.
Bien vu : se libérer de l’impératif du sexy.
Angelika Taschen conseille même de troquer les talons pour des baskets, avec une minijupe.
Plus seyant : sangler vos belles jambes dans des bottes plates, et votre air farouche ne fera qu’attiser d’autant plus les convoitises.
Mais alors, comment porter les sneakers ?
Avec votre jean, comme Jane Birkin, ou avec un tailleur-pantalon, comme Inès de la Fressange.
Note : Paradoxalement, avec l’âge de la porteuse, la tennis gagne en style : à 20 ans, la basket peut faire ado ; à 50, portée avec des vêtements élégants et bien coupés (comme Birkin aujourd’hui), elle donne une allure résolument moderne.
[…] probable ? Vouloir faire ma belle à mon dernier Tinder date. Adieu la parka en mode burrito et son volume si réconfortant mais qui laisse peu de loisir à imaginer une […]