Synopsis
Il était une fois…
Waris, une petite fille nomade dans le désert de Somalie. Le jour où son père la promet à un vieux dégueulasse, elle s’enfuit, laissant tout derrière elle. Elle se retrouve à faire les ménages à Londres, quand un célèbre photographe la remarque et fait d’elle une top modèle que les défilés s’arrachent. Happy End.
Back to reality
En vérité, Waris Dirie n’a que faire des contes de fées. Ce qu’elle veut, c’est changer le monde en mieux. Elle devient ainsi la première femme à parler publiquement de la tragédie de l’excision, qu’elle a elle-même subie.
Dans la mesure où film et livre sont focalisés sur la sensibilisation à cette pratique barbare, ils se répondent. Mais il y a différence majeure sur un point :
Lorsque j’ai vu le film pour la première fois, j’ai cru à un conte de fées miraculeux. Une jeune fille timide, presque sauvage, se retrouve touchée par la chance.
Mais en lisant l’autobiographie, j’ai remarqué que la réalité (du moins celle contée dans le livre) était toute autre. Au lieu d’une jeune fille gracieuse et timide, on a une femme battante, hyper sociable, avec une bonne paire de couilles.
« Je fais ce que je veux, c’est la clé du succès. », ricane la vraie Waris devant les caméras.
Attention, spoiler !
Film |
Livre |
La tante de Waris l’envoie chez son oncle ambassadeur à Londres, où elle pourra être bonne. | Lorsque Waris entend par hasard que son oncle ambassadeur à Londres cherche une bonne, elle argumente férocement pour obtenir le poste. |
L’oncle de Waris et sa famille repartent en Somalie et la laissent seule à Londres. | Waris cache son passeport dans le jardin afin d’avoir une excuse pour ne pas rentrer en Somalie. |
Waris suit une fille dans la rue et la supplie avec des yeux de chien battu jusqu’à ce qu’elle cède et lui fasse partager sa chambre. | Hyper sociable, Waris se fait une amie en papotant au Topshop. Celle-ci lui propose de l’héberger. |
Ses amis lui font un faux passeport pour qu’elle puisse se rendre à un défilé. | Pour aller au tournage de James Bond au Maroc, Waris pique le passeport d’une amie pendant son sommeil et prend le risque d’être démasquée. |
Dès lors qu’elle est repérée, les offres pleuvent. | Après un premier succès, plus rien.
Waris se teint les cheveux en blond et pendant des mois, fait le tour des agences du monde. Elle décide de s’installer à New York, où elle a plus de chances de trouver du travail en tant que modèle noire. |
À chaque fois qu’elle voit l’homme dont elle est amoureuse, timide, elle finit par partir en courant. | Waris rencontre un beau batteur dans un jazz club. Lorsqu’elle l’approche, désintéressé, il coupe court à la conversation et part. Elle le suit : « Ce n’est vraiment pas poli ! ».
Ils ont alors un premier date, au cours duquel elle dit qu’elle aura un jour un enfant de lui. Effrayé, il ne la rappelle plus. Elle le rappelle jusqu’à ce qu’il cède et ils finissent ensemble. Et ont un enfant. Happy End. |
Liya Kebede (l’actrice-mannequin qui joue le personnage de Waris dans le film) est magnifique en princesse gracieuse. Mais c’est une femme comme Waris Dirie qu’il faut pour survivre une fugue dans le désert, s’intégrer en Occident en partant de rien, s’imposer dans l’univers de la mode et oser ouvrir les yeux du monde sur la pratique de l’excision.
Peut-être que les contes de fées ne sont que des versions déguisées d’histoires réelles. Prenons par exemple Cendrillon. Je parie que Cendrillon avait des p*** de couilles. Elle s’est quand même rendue à un bal auquel elle n’était pas invitée, s’est vraisemblablement cousu une robe à partir de rideaux ou a emprunté pour quelques heures une robe et un carrosse à sa riche marraine, avant d’arriver fashionably late à la soirée et séduire le Prince Charmant. Le mieux, c’est qu’elle arrive à faire en sorte qu’il lui coure après. En fait, Cendrillon est une vraie tueuse. Ou du moins Waris Dirie l’est.
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