Crédits photo : Aleksandra Duleba @szary_szum
Berlin, 25 mai 2018
Paillettes, rouges à lèvres, talons hauts, costumes sur-mesure. C’est une foule atypique pour la scène berlinoise, d’habitude plus shabby que chic, qui se presse ce vendredi-là aux portes du Lido.
Et pour cause : le Studio Schönheitstanz, qui enseigne aux femmes les secrets des danses lascives, fête ses dix ans. C’est en 2008 qu’Agata Lattka a réalisé son rêve, à savoir rendre les danses de séduction accessibles à toutes, en créant le studio. Pole-dance, burlesque, polesque, lap-dance… de quoi se transformer en Salomé 2.0, maîtresse dans l’art d’envoûter les foules, ou simplement explorer sa propre sensualité.
Certaines se produisent ce jour-là sur scène pour la première fois, avec joie, excitation, nervosité peut-être. Avec panache ? Très certainement.
On voit des jeunes femmes gainées de bas résille secouer leurs crinières à vous rendre fou et, parfois, on aperçoit un déhanché encore pudique, de celle qui a dû dépasser des blocages pour pouvoir se tenir là.
On observe une cambrioleuse mutine s’échapper avec son butin par la barre de pole-dance avant d’entamer une lapdance sur le pauvre policier attaché.
On tremble devant une femme aux cheveux blancs lâchés, se métamorphoser en institutrice/dominatrice sévère.
On voit le petit chaperon rouge découvrir son côté Grand méchant loup au son du hard rock et voler sur la barre de pole-dance, les cheveux frisés en mode wild, aussi wild que la femme à silhouette fragile, qui s’enduit les mains de peinture noire et s’en barbouille le visage et les seins.
Quelques-unes sont des danseuses professionnelles. Comme Honey Lulu, danseuse burlesque à renommée internationale, dans la plus pure tradition de l’effeuillage glamour à la Dita von Teese. Ses rondeurs crèmes sublimées dans des colliers de perles qui ruissellent sur son corps, elle se voile et se dévoile à l’aide d’éventails de plumes géants.
Il y a aussi Yvonne Haug, plusieurs fois championne du monde de pole-sport, dont chacun des muscles semble fait pour accomplir l’exploit de voler dans les airs, à peine reliée par la barre au monde des vivants.
L’animatrice et chanteuse Alicia Emmi Berg, une Sofia Loren moulée dans un fourreau de strass, pimente la soirée de sa voix grave et chaude, le ton des paroles chargé de sous-entendus. Elle nous chante un Happy Birthday très Mr. President.
La « Danse de Beauté » joue avec l’individualité de chacune des femmes, quel que soit l’âge ou la morphologie. Ces femmes étaient là pour s’exprimer, pour s’amuser, pour prendre confiance en elles, en leur corps, en leur sensualité et en les regardant, ce n’était pas un idéal inaccessible que l’on admirait de loin. On avait plutôt envie de se dire « cette femme confiante, libre, fière, sensuelle, qui ne se prend pas trop au sérieux, cela pourrait être moi ».
Studio Schönheitstanz
Charitéstr. 4
10117 Berlin
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